Peux-tu me raconter l'enfance que tu as eu ?
Bien sûr. Je suis née à Little Paris, la cadette de la famille. Mon père nous a élevé, mon frère, ma soeur et moi, car ma génitrice est partie avec un autre homme lorsque j'avais 3 ans. C'est la raison pour laquelle je ne me souviens pas d'elle. Plus tard, mon père m'a expliqué qu'elle n'arrivait plus à assumer cette vie de femme au foyer, qu'elle ne supportait plus la pression et que ce n'était pas la vie qu'elle avait choisie. Aussi loin que je me souvienne, je lui en ai toujours voulu et ce, avant même de savoir les raisons pour lesquelles elle était partie. Voir toutes les autres petites filles avec leur mère me rendais malade, verte de jalousie. Vers 7ans, j'ai commencé à dire que ma mère était morte, ce qui, étrangement, me faisait me sentir mieux. Penser que ma mère m'avait quitté involontairement était beaucoup plus réconfortant que de me dire qu'elle ne voulait plus de nous.
L'année de mes 13 ans, elle a voulu reprendre contact avec nous, ses enfants. Mon frère et ma soeur l'on accueillit les bras grands ouvert, tandis que moi je ne voulais pas entendre parler d'elle. Cela a créé des tensions dans notre fratrie, mes aînés pensaient que je devais lui laisser une chance. Ils ont même organisé un rendez-vous « surprise » ce qui m'a mis hors de moi. Je considère que reprendre contact avec elle serait trahir mon père qui, lui, nous a tout donné et ne nous a jamais laissé tomber. Ce sujet est encore aujourd'hui source de tensions. Il faut dire qu'on est pas mal têtu dans la famille..

Ca n'a pas du être très facile... Est-ce que tu as des amis sur qui compter ?

Des amis ? Oui, j'en aie, peu, mais j'en aie. Par contre, je n'aime pas me confier, j'intériorise beaucoup. Mais je sais que je peux compter sur eux lorsque j'ai besoin de décompresser : une petite soirée tranquille ou une fête un peu plus déjantée. Je sais qu'ils sont près à beaucoup de choses pour moi et vice versa. Mais n'est-ce pas le but de l'amitié ?
Concernant les tensions avec mes aînés, je sais que je peux compter sur mon père qui est, je pense, le plus apte à gérer la situation et à comprendre ce que je ressens. En temps normal, lorsque les choses ne vont vraiment plus, je me tourne vers lui. C'est un peu étrange, je peux le concevoir, mais lorsqu'il s'agit de parler, je suis certaine que tous les conseils qui viendront de lui seront pour mon bien et uniquement pour le mien.

Et donc tu es en couple mais c'est compliqué ?

Hmm... On est vraiment obligé d'en parler ? Oui ? Bon. Avec Roman, on s'est rencontré il y a quelques mois, grâce à son frère que j'ai rencontré grâce à une amie lors d'une soirée, très bonne soirée au passage... Oui, bon. On s'est vu plusieurs fois, on a parlé et on s'est mis ensemble. Un peu comme débute toutes les relations amoureuses. Rapidement, on a emménagé ensemble, tout s'est déroulé très naturellement. On s'entendait très bien, des personnalités qui s'accordent, des centres d'intérêts communs... La seule chose sur laquelle nous n'étions pas d'accord était la pilule. Il a longuement insisté, j'ai finalement cédé, du moins c'est ce que je lui ai fait croire. Après quatre mois de relation la nouvelle était tombée, j'étais enceinte. Je m'y attendais, je n'avais plus mes règles depuis deux mois, mais j'avais laissé les choses trainer. Bref. Lorsqu'il l'a appris, des pleurs, des cris et maintenant l'impasse. Je suis catégorique, je garderai cet enfant, avorter reviendrait à reproduire le même genre de schéma que ma génitrice, il en était hors de question. Lui de son côté, il ne voulait pas entendre parler de bébé, c'était clair il n'en voulait pas. A présent, on cohabite, même si c'est difficile. On ne sait plus trop.

Tu es prête à avoir ce bébé même si cela signifie que Roman et toi ne soyez plus ensemble ?

Oui et non. Pour l'instant je ne me projette pas. Je ne me vois pas sans lui, parce que c'est indéniable je l'aime... Mais je ne me vois pas non plus avorter. Je n'ai même pas envisagé l'option « Roman te quitte et démerde-toi », je n'ai pas encore osé, tout simplement parce que je ne sais pas ce que je ferais. Sans doute que je ne l'accepterai pas. Je ne me vois pas abandonner cet enfant mais, il est aussi impossible qu'il n'est pas de père, car je ne connais que trop bien le sentiment d'abandon. Si ça ne tenait qu'à moi, tout serait très simple, légèrement utopique, même. Au final, je ne peux pas le menotter au lit et le forcer à rester (même si c'est très tenant !) la décision lui revient, tout ce que j'espère c'est qu'il tient à moi autant que je tiens à lui et qu'il finira par accepter ce futur bébé qui est aussi le sien.