wanna give your heart a break

Journée de merde. Boulot de merde. Vie de merde. J'avais les yeux rivée sur l'écran, regardant les secondes s'écoulaient. Je ne prenais même pas la peine de répondre au téléphone, ces vieilles folles hypocondriaques me tapaient sur le système. Je n'avais qu'une hâte : partir. Et encore, pour aller où ? La maison ? L'ambiance était invivable, gelée, tendue. On ne parlait plus. Lui dans la salle, sur son putain de canapé, avec son putain de joint devant sa putain de télé. Et moi, un coup la chambre, un coup la cuisine, je tourne en rond, j'essaye d'attirer son attention, mais refuse de lui parler. C'est l'heure, je me lève, prend mes affaires, ferme, dis à peine au revoir et me tire. C'est déjà ça de terminé, jusqu'à demain, du moins. Sur la route je prends mon temps, je flâne un peu. Je ne veux pas rentrer, mais en même temps je n'ai pas la tête à sortir. Sortir pour faire quoi ? Boire un coup ? Avec un polichinelle dans le tiroir impossible. Alors, je me résigne à rentrer.

Devant la porte, comme chaque jour depuis l'« annonce », l'appréhension se faisait sentir. Finalement, le boulot c'était peut-être pas plus mal. J'ouvris la porte, plus de retour en arrière. A peine rentée, l'odeur de son putain de joint me montait déjà au nez. A croire qu'il en faisait exprès. J'entrais, marquais un petit arrêt devant la salle, rien, pas un mot, pas un « bonjour », pire encore pas même un regard. Il se lève, va vers la fenêtre, comme si je n'existais pas. J'ai le coeur lourd, puis la colère monte, mais je ne dis rien et je vais dans la cuisine. Je range, ou plutôt, je fais semblant, je dérange même, plus qu'autre chose. Je fais claquer les assiettes, les placards, parce qu'il faut bien passer ses nerfs. J'arrête, la colère, la triste, la peine, sont tels qu'une larme coule, je l'essuie, inspire, tente de me reprendre et surtout de ne pas craquer. Ces sentiments sont finalement plus forts et je m'entends dire d'une voix tremblante « C'est plus fort que toi ! » Je ne voulais pourtant pas parler, l'ignorer comme il m'ignorait, mais je ne pouvais pas. Les hormones, sans doute ? Ces saloperies d'hormones. En tout cas maintenant lancée, je ne pouvais plus m'arrêter. « Tu fumes, encore, tu ne peux pas le lâcher deux secondes ? Histoire de laisser la baraque respirer ? De me laisser respirer ? Cesser de t'empoisoner? Me dire « bonjour », me regarder, au moins ? Non ? Ça ne t'effleure même pas l'esprit ? » Je le regarde et attends sa réaction. L'attaque frontale, sèche, n'était peut-être pas la meilleure solution, mais s'était, de toute façon inévitable, il fallait que ça pète.

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